Le ministre de la Défense Ehud Barak est bien décevant. Il a été le premier homme d’Etat qui a osé suggérer des solutions courageuses, quoique incomplètes. Il s’est maintenant transformé en saboteur en chef de toute chance de calmer les combats, de mettre en place des cessez-le-feu ou d’instaurer un progrès diplomatique. Il ne croit sûrement pas à l’initiative de paix d’Olmert et tente de son mieux de la détruire.
Si vous craignez le responsable du Likoud Benjamin Netanyahu, imaginez à quel point il pourra faire plus de tort au processus de paix que Barak ? Nous ne pouvons plus faire la différence entre leurs discours et leurs actes. Si le calme semble se mettre en place, Barak donne les instructions pour qu’une tentative d’assassinat, idiote et dangereuse, soit menée à Bethléem ; suffisamment pour raviver le feu et éviter le calme.
Si les tirs de roquettes Qassam sont arrêtés, Barak fera tout pour s’assurer qu’ils reprennent et justifier ainsi « l’opération à grande envergure » qu’il envisage à Gaza. Si le président de l’Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, tente désespérément de faire avancer des négociations, Barak éliminera toute aide dans ce sens. Si le Hamas suggère la mise en place d’un cessez-le-feu, Barak répondra : « Nous devons nous attendre à être les témoins de scènes difficiles à Gaza avant que le calme n’y soit instauré ». Si tout est calme sur le front nord, les pyromanes israéliens vont demander, suite à des allégations, la tête de Imad Mughniyah du Hezbollah. La direction de la sécurité fait ce que bon lui semble : tuer, détruire, empêcher, se saisir des fonds, donner des ordres pour fermer les magasins et les usines de la Cisjordanie ; permettre la construction de nouvelles colonies en Cisjordanie et littéralement humilier l’Autorité Palestinienne. La sécurité oublie les négociations, les obligations d’Israël et autres discussions de paix.
Barak, de manière aussi bruyante que le moindre colon zélé ou qu’un leader du Hamas, s’est vanté de l’opération Bethléem. « Nous avons une fois encore prouvé qu’Israël poursuit et détruit les meurtriers qui ont du sang juif sur les mains. » a-t-il dit. Une fois de plus, il a prouvé qu’il ne parle et ne pense qu’à la vengeance.
Est-il au courant de la décision de la Haute Cour de Justice rendue en 2006 et qui interdit les assassinats ciblés comme moyen de punir, se venger ou prévenir ? L’un des fils de ceux qui ont été assassinés à Bethléem a indiqué qu’un des soldats des FDI avait promis de mettre son père, qu’il n’avait pas vu depuis dix ans, dans un sac à cadavre. Quelque chose dont Barak pourra être fier. Il a donné carte blanche aux forces de défense israéliennes pour leurs actions contre les Palestiniens et a ordonné que la force soit bien démontrée, ce qui incluait l’opération sur Gaza qui a fait 120 morts et n’a donné aucun résultat. Le Hamas a évoqué la possibilité d’instaurer un cessez-le-feu, mais qui l’a refusé ? Israël, l’objecteur de paix.
Au lieu de donner l’ordre aux FDI pour ramener le calme dans la région, ce qui correspondrait aussi aux nouvelles initiatives gouvernementales, il fait tout ce qui est en son pouvoir pour les faire échouer. Et il nous faut encore mentionner la question des principes moraux : ils sont loin les jours où il existait un débat sur les assassinats ciblés. A l’époque où les gens soutenaient qu’ils étaient menés contre des « bombes à retardement ». Aujourd’hui, même des terroristes à la retraite sont froidement assassinés dans leurs voitures. Ils sont accusés d’anciens crimes sans jugement, au lieu d’être arrêtés, ce qui pourrait permettre d’éviter une nouvelle explosion de violence tout en respectant une certaine moralité.
Barak n’est pas le seul. Bien que son parti soit petit et qu’il souffre, il n’en reste pas moins un parti politique et son silence est abominable. Le Shas peut faire de plus en plus de plans de constructions de colonies, mais le parti Travailliste n’essaye même plus d’atteindre ses objectifs. Où sont donc passés Amir Peretz, Ami Ayalon, Yuli Tamir, Shelly Yachimovich, Colette Avital, Raleb Majadele et Ophir Pines-Paz à l’heure où leur chef de parti les entraîne dans l’oubli ? Pourquoi ne font-ils pas entendre leurs voix pour protester ? Et pourquoi le premier ministre ne freine t-il pas son ministre de la défense ?
Lorsque la politique menée par Barak amènera bientôt une nouvelle conflagration, tous seront coupables. On se souviendra d’eux comme ayant participé à cette terrible disgrâce. Et ensuite on se souviendra qu’il y a eu de l’espoir mais que le chef des Travaillistes a tout fait, parmi eux, pour saboter cet espoir. Et personne n’a rien fait pour l’empêcher.